Job prit la parole et dit:
Comme tu sais bien venir en aide à la faiblesse! Comme tu prêtes secours au bras sans force!
Quels bons conseils tu donnes à celui qui manque d'intelligence! Quelle abondance de sagesse tu fais paraître!
A qui s'adressent tes paroles? Et qui est-ce qui t'inspire?
Devant Dieu les ombres tremblent Au-dessous des eaux et de leurs habitants;
Devant lui le séjour des morts est nu, L'abîme n'a point de voile.
Il étend le septentrion sur le vide, Il suspend la terre sur le néant.
Il renferme les eaux dans ses nuages, Et les nuages n'éclatent pas sous leur poids.
Il couvre la face de son trône, Il répand sur lui sa nuée.
Il a tracé un cercle à la surface des eaux, Comme limite entre la lumière et les ténèbres.
Les colonnes du ciel s'ébranlent, Et s'étonnent à sa menace.
Par sa force il soulève la mer, Par son intelligence il en brise l'orgueil.
Son souffle donne au ciel la sérénité, Sa main transperce le serpent fuyard.
Ce sont là les bords de ses voies, C'est le bruit léger qui nous en parvient; Mais qui entendra le tonnerre de sa puissance?
Querverweise zu Hiob 26,5 Hiob 26,5
Prendras-tu le crocodile à l'hameçon? Saisiras-tu sa langue avec une corde?
Mettras-tu un jonc dans ses narines? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet?
Te pressera-t-il de supplication? Te parlera-t-il d'une voix douce?
Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave?
Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles?
Les pêcheurs en trafiquent-ils? Le partagent-ils entre les marchands?
Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons?
Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer.
Voici, on est trompé dans son attente; A son seul aspect n'est-on pas terrassé?
Nul n'est assez hardi pour l'exciter; Qui donc me résisterait en face?
De qui suis-je le débiteur? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient.
Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure.
Qui soulèvera son vêtement? Qui pénétrera entre ses mâchoires?
Qui ouvrira les portes de sa gueule? Autour de ses dents habite la terreur.
Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau;
Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux;
Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables.
Ses éternuements font briller la lumière; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore.
Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent.
Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente.
Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme.
La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui.
Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables.
Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure.
Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir.
C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien.
Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri.
La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume.
Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards.
Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon.
Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums.
Il laisse après lui un sentier lumineux; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard.
Sur la terre nul n'est son maître; Il a été créé pour ne rien craindre.
Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.
Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans l'antiquité.
Voici la grande et vaste mer: Là se meuvent sans nombre Des animaux petits et grands;
Là se promènent les navires, Et ce léviathan que tu as formé pour se jouer dans les flots.
Parle, et tu diras: Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel: Voici, j'en veux à toi, Pharaon, roi d'Egypte, Grand crocodile, qui te couches au milieu de tes fleuves, Et qui dis: Mon fleuve est à moi, c'est moi qui l'ai fait!
Je mettrai une boucle à tes mâchoires, J'attacherai à tes écailles les poissons de tes fleuves, Et je te tirerai du milieu de tes fleuves, Avec tous les poissons qui s'y trouvent Et qui seront attachés à tes écailles.
Je te jetterai dans le désert, Toi et tous les poissons de tes fleuves. Tu tomberas sur la face des champs, Tu ne seras ni relevé ni ramassé; Aux bêtes de la terre et aux oiseaux du ciel Je te donnerai pour pâture.