Louis Segond 1910
Versliste
Job prit de nouveau la parole sous forme sentencieuse et dit:
Oh! que ne puis-je être comme aux mois du passé, Comme aux jours où Dieu me gardait,
Quand sa lampe brillait sur ma tête, Et que sa lumière me guidait dans les ténèbres!
Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente,
Quand le Tout-Puissant était encore avec moi, Et que mes enfants m'entouraient;
Quand mes pieds se baignaient dans la crème Et que le rocher répandait près de moi des ruisseaux d'huile!
Si je sortais pour aller à la porte de la ville, Et si je me faisais préparer un siège dans la place,
Les jeunes gens se retiraient à mon approche, Les vieillards se levaient et se tenaient debout.
Les princes arrêtaient leurs discours, Et mettaient la main sur leur bouche;
La voix des chefs se taisait, Et leur langue s'attachait à leur palais.
L'oreille qui m'entendait me disait heureux, L'oeil qui me voyait me rendait témoignage;
Car je sauvais le pauvre qui implorait du secours, Et l'orphelin qui manquait d'appui.
La bénédiction du malheureux venait sur moi; Je remplissais de joie le coeur de la veuve.
Je me revêtais de la justice et je lui servais de vêtement, J'avais ma droiture pour manteau et pour turban.
J'étais l'oeil de l'aveugle Et le pied du boiteux.
J'étais le père des misérables, J'examinais la cause de l'inconnu;
Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
Alors je disais: Je mourrai dans mon nid, Mes jours seront abondants comme le sable;
L'eau pénétrera dans mes racines, La rosée passera la nuit sur mes branches;
Ma gloire reverdira sans cesse, Et mon arc rajeunira dans ma main.
On m'écoutait et l'on restait dans l'attente, On gardait le silence devant mes conseils.
Après mes discours, nul ne répliquait, Et ma parole était pour tous une bienfaisante rosée;
Ils comptaient sur moi comme sur la pluie, Ils ouvraient la bouche comme pour une pluie du printemps.
Je leur souriais quand ils perdaient courage, Et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front.
J'aimais à aller vers eux, et je m'asseyais à leur tête; J'étais comme un roi au milieu d'une troupe, Comme un consolateur auprès des affligés.
Lorsque Jésus eut achevé de donner ses instructions à ses douze disciples, il partit de là, pour enseigner et prêcher dans les villes du pays.
Jean, ayant entendu parler dans sa prison des oeuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples:
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?
Jésus leur répondit: Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez:
les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute!
Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à dire à la foule, au sujet de Jean: Qu'êtes-vous allés voir au désert? un roseau agité par le vent?
Mais, qu'êtes-vous allés voir? un homme vêtu d'habits précieux? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.
Qu'êtes-vous donc allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète.
Car c'est celui dont il est écrit: Voici, j'envoie mon messager devant ta face, Pour préparer ton chemin devant toi.
Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en emparent.
Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu'à Jean;
et, si vous voulez le comprendre, c'est lui qui est l'Elie qui devait venir.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
A qui comparerai-je cette génération? Elle ressemble à des enfants assis dans des places publiques, et qui, s'adressant à d'autres enfants,
disent: Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé; nous avons chanté des complaintes, et vous ne vous êtes pas lamentés.
Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent: Il a un démon.
Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent: C'est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifiée par ses oeuvres.
Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties.
Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre.
C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel? Non. Tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts; car, si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui.
C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi.
En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants.
Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi.
Toutes choses m'ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.
Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.
Maudit soit le jour où je suis né! Que le jour où ma mère m'a enfanté Ne soit pas béni!
Maudit soit l'homme qui porta cette nouvelle à mon père: Il t'est né un enfant mâle, Et qui le combla de joie!
Que cet homme soit comme les villes Que l'Eternel a détruites sans miséricorde! Qu'il entende des gémissements le matin, Et des cris de guerre à midi!
Que ne m'a-t-on fait mourir dans le sein de ma mère! Que ne m'a-t-elle servi de tombeau! Que n'est-elle restée éternellement enceinte!
Pourquoi suis-je sorti du sein maternel Pour voir la souffrance et la douleur, Et pour consumer mes jours dans la honte?
Car ainsi parle le Très-Haut, Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; Mais je suis avec l'homme contrit et humilié, Afin de ranimer les esprits humiliés, Afin de ranimer les coeurs contrits.
Ainsi parle l'Eternel: Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison pourriez-vous me bâtir, Et quel lieu me donneriez-vous pour demeure?
Toutes ces choses, ma main les a faites, Et toutes ont reçu l'existence, dit l'Eternel. Voici sur qui je porterai mes regards: Sur celui qui souffre et qui a l'esprit abattu, Sur celui qui craint ma parole.
Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion.
Ce n'est pas en vue de mes besoins que je dis cela, car j'ai appris à être content de l'état où je me trouve.