Louis Segond 1910
Versliste
Oh! si je savais où le trouver, Si je pouvais arriver jusqu'à son trône,
Mais sa résolution est arrêtée; qui s'y opposera? Ce que son âme désire, il l'exécute.
Voici, il me tuera; je n'ai rien à espérer; Mais devant lui je défendrai ma conduite.
Cela même peut servir à mon salut, Car un impie n'ose paraître en sa présence.
Ecoutez, écoutez mes paroles, Prêtez l'oreille à ce que je vais dire.
Me voici prêt à plaider ma cause; Je sais que j'ai raison.
J'étais tranquille, et il m'a secoué, Il m'a saisi par la nuque et m'a brisé, Il a tiré sur moi comme à un but.
Sachant bien que je ne suis pas coupable, Et que nul ne peut me délivrer de ta main?
Tes mains m'ont formé, elles m'ont créé, Elles m'ont fait tout entier... Et tu me détruirais!
Il me fait brèche sur brèche, Il fond sur moi comme un guerrier.
J'ai cousu un sac sur ma peau; J'ai roulé ma tête dans la poussière.
Les pleurs ont altéré mon visage; L'ombre de la mort est sur mes paupières.
Je n'ai pourtant commis aucune violence, Et ma prière fut toujours pure.
Mon pied s'est attaché à ses pas; J'ai gardé sa voie, et je ne m'en suis point détourné.
Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres; J'ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche.
Mais sa résolution est arrêtée; qui s'y opposera? Ce que son âme désire, il l'exécute.
Dieu qui me refuse justice est vivant! Le Tout-Puissant qui remplit mon âme d'amertume est vivant!
Aussi longtemps que j'aurai ma respiration, Et que le souffle de Dieu sera dans mes narines,
Mes lèvres ne prononceront rien d'injuste, Ma langue ne dira rien de faux.
Loin de moi la pensée de vous donner raison! Jusqu'à mon dernier soupir je défendrai mon innocence;
Je tiens à me justifier, et je ne faiblirai pas; Mon coeur ne me fait de reproche sur aucun de mes jours.