Louis Segond 1910
Versliste
O Dieu, brise-leur les dents dans la bouche! Eternel, arrache les mâchoires des lionceaux!
Qu'ils se dissipent comme des eaux qui s'écoulent! Qu'ils ne lancent que des traits émoussés!
Qu'ils périssent en se fondant, comme un limaçon; Sans voir le soleil, comme l'avorton d'une femme!
Avant que vos chaudières sentent l'épine, Verte ou enflammée, le tourbillon l'emportera.
Ils crièrent d'une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre?
Je brisais la mâchoire de l'injuste, Et j'arrachais de ses dents la proie.
Ou je n'existerais pas, je serais comme un avorton caché, Comme des enfants qui n'ont pas vu la lumière.
Quand un homme aurait cent fils, vivrait un grand nombre d'années, et que les jours de ses années se multiplieraient, si son âme ne s'est point rassasiée de bonheur, et si de plus il n'a point de sépulture, je dis qu'un avorton est plus heureux que lui.
Car il est venu en vain, il s'en va dans les ténèbres, et son nom reste couvert de ténèbres;
il n'a point vu, il n'a point connu le soleil; il a plus de repos que cet homme.
Le vent d'orient l'emporte, et il s'en va; Il l'arrache violemment de sa demeure.