Louis Segond 1910
Versliste
Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville.
Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains,
cherchait à voir qui était Jésus; mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par là.
Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison.
Zachée se hâta de descendre, et le reçut avec joie.
Voyant cela, tous murmuraient, et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur.
Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple.
Jésus lui dit: Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham.
Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Ils écoutaient ces choses, et Jésus ajouta une parabole, parce qu'il était près de Jérusalem, et qu'on croyait qu'à l'instant le royaume de Dieu allait paraître.
Il dit donc: Un homme de haute naissance s'en alla dans un pays lointain, pour se faire investir de l'autorité royale, et revenir ensuite.
Il appela dix de ses serviteurs, leur donna dix mines, et leur dit: Faites-les valoir jusqu'à ce que je revienne.
Mais ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent une ambassade après lui, pour dire: Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous.
Lorsqu'il fut de retour, après avoir été investi de l'autorité royale, il fit appeler auprès de lui les serviteurs auxquels il avait donné l'argent, afin de connaître comment chacun l'avait fait valoir.
Le premier vint, et dit: Seigneur, ta mine a rapporté dix mines.
Il lui dit: C'est bien, bon serviteur; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes.
Le second vint, et dit: Seigneur, ta mine a produit cinq mines.
Il lui dit: Toi aussi, sois établi sur cinq villes.
Un autre vint, et dit: Seigneur, voici ta mine, que j'ai gardée dans un linge;
car j'avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère; tu prends ce que tu n'as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n'as pas semé.
Il lui dit: Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur; tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n'ai pas déposé, et moissonnant ce que je n'ai pas semé;
pourquoi donc n'as-tu pas mis mon argent dans une banque, afin qu'à mon retour je le retirasse avec un intérêt?
Puis il dit à ceux qui étaient là: Otez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines.
Ils lui dirent: Seigneur, il a dix mines. -
Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence.
Après avoir ainsi parlé, Jésus marcha devant la foule, pour monter à Jérusalem.
Lorsqu'il approcha de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne appelée montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,
en disant: Allez au village qui est en face; quand vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est jamais assis; détachez-le, et amenez-le.
Si quelqu'un vous demande: Pourquoi le détachez-vous? vous lui répondrez: Le Seigneur en a besoin.
Ceux qui étaient envoyés allèrent, et trouvèrent les choses comme Jésus leur avait dit.
Comme ils détachaient l'ânon, ses maîtres leur dirent: Pourquoi détachez-vous l'ânon?
Ils répondirent: Le Seigneur en a besoin.
Et ils amenèrent à Jésus l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et firent monter Jésus.
Quand il fut en marche, les gens étendirent leurs vêtements sur le chemin.
Et lorsque déjà il approchait de Jérusalem, vers la descente de la montagne des oliviers, toute la multitude des disciples, saisie de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu'ils avaient vus.
Ils disaient: Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur! Paix dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts!
Quelques pharisiens, du milieu de la foule, dirent à Jésus: Maître, reprends tes disciples.
Et il répondit: Je vous le dis, s'ils se taisent, les pierres crieront!
Comme il approchait de la ville, Jésus, en la voyant, pleura sur elle,
et dit: Si toi aussi, au moins en ce jour qui t'est donné, tu connaissais les choses qui appartiennent à ta paix! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux.
Il viendra sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront, et te serreront de toutes parts;
ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée.
Il entra dans le temple, et il se mit à chasser ceux qui vendaient,
leur disant: Il est écrit: Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs.
Il enseignait tous les jours dans le temple. Et les principaux sacrificateurs, les scribes, et les principaux du peuple cherchaient à le faire périr;
mais ils ne savaient comment s'y prendre, car tout le peuple l'écoutait avec admiration.
Alors il leur toucha les yeux, en disant: Qu'il vous soit fait selon votre foi.
Son maître lui dit: C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu'il agrée!
Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur.
C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade.
Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade.
Après avoir entendu cela, Jésus dit: Cette maladie n'est point à la mort; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle.
Or, Jésus aimait Marthe, et sa soeur, et Lazare.
Lors donc qu'il eut appris que Lazare était malade, il resta deux jours encore dans le lieu où il était,
et il dit ensuite aux disciples: Retournons en Judée.
Les disciples lui dirent: Rabbi, les Juifs tout récemment cherchaient à te lapider, et tu retournes en Judée!
Jésus répondit: N'y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu'un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu'il voit la lumière de ce monde;
mais, si quelqu'un marche pendant la nuit, il bronche, parce que la lumière n'est pas en lui.
Après ces paroles, il leur dit: Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller.
Les disciples lui dirent: Seigneur, s'il dort, il sera guéri.
Jésus avait parlé de sa mort, mais ils crurent qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil.
Alors Jésus leur dit ouvertement: Lazare est mort.
Et, à cause de vous, afin que vous croyiez, je me réjouis de ce que je n'étais pas là. Mais allons vers lui.
Sur quoi Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples: Allons aussi, afin de mourir avec lui.
Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.
Et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ,
beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.
Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.
Marthe dit à Jésus: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.
Mais, maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera.
Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera.
Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.
Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort;
et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?
Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.
Ayant ainsi parlé, elle s'en alla. Puis elle appela secrètement Marie, sa soeur, et lui dit: Le maître est ici, et il te demande.
Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement, et alla vers lui.
Car Jésus n'était pas encore entré dans le village, mais il était dans le lieu où Marthe l'avait rencontré.
Les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison et qui la consolaient, l'ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, disant: Elle va au sépulcre, pour y pleurer.
Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus, et qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds, et lui dit: Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.
Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému.
Et il dit: Où l'avez-vous mis? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.
Jésus pleura.
Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l'aimait.
Et quelques-uns d'entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?
Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant.
Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là.
Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?
Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé.
Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé.
Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors!
Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.
Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui.
Mais quelques-uns d'entre eux allèrent trouver les pharisiens, et leur dirent ce que Jésus avait fait.
Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent: Que ferons-nous? Car cet homme fait beaucoup de miracles.
Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront détruire et notre ville et notre nation.
L'un d'eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit: Vous n'y entendez rien;
vous ne réfléchissez pas qu'il est dans votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas.
Or, il ne dit pas cela de lui-même; mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation.
Et ce n'était pas pour la nation seulement; c'était aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu dispersés.
Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir.
C'est pourquoi Jésus ne se montra plus ouvertement parmi les Juifs; mais il se retira dans la contrée voisine du désert, dans une ville appelée Ephraïm; et là il demeurait avec ses disciples.
La Pâque des Juifs était proche. Et beaucoup de gens du pays montèrent à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier.
Ils cherchaient Jésus, et ils se disaient les uns aux autres dans le temple: Que vous en semble? Ne viendra-t-il pas à la fête?
Or, les principaux sacrificateurs et les pharisiens avaient donné l'ordre que, si quelqu'un savait où il était, il le déclarât, afin qu'on se saisît de lui.